Vous avez dit « voix machine », divagations sur le thème d’edmusconnect4
Voix et machine
La thématique d’edmusconnect4 abordera directement la notion du rapport voix machine. Ces notions peuvent être perçues comme antinomiques tant la voix témoigne de l’humanité et la machine du monde artificiel que l’homme s’est créé. Toutefois, pour faire un clin d’œil au G.R.M., cette dualité se montre très créative dans ses croisements parfois étonnants. Le numérique est un super outil de création. Le temps réel n’est plus une utopie, mais une réalité dans la création. Toutefois, éloignons-nous des seules questions musicales et osons regarder plus loin en prenant le thème de l’humanité dans son rapport au numérique. L’humanité de la voix est certaine, mais le numérique n’est-il pas aussi l’expression d’une conception humaine, et donc d’une voie qui tracerait un chemin entre l’homme et la machine ? L’homme fait la machine et la machine fait l’homme. La machine sera-t-elle une extension de la créativité humaine ? L’humain s’abandonnera-t-il à la création assujettie au tout numérique ? Beaucoup de questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre aujourd’hui…
Regardons malgré tout devant nous, le numérique est là ! Il est inscrit dans notre quotidien. Il nous permet de faire entendre notre voix dans un flux colossal d’informations. Il est l’extension de notre parole, mais aussi parfois le cadre castrateur d’une pensée. Et oui, nous ne pouvons pas vanter ses apports en ignorant ses dangers… Le numérique est peut-être en train de redéfinir les contours de notre humanité. En cela, celui-ci peut faire peur. Perdrons-nous notre libre arbitre ? Notre prétendue superbe ? Ou au contraire, le numérique nous permettra-t-il de renouer avec notre humanité ? Encore d’autres questions sans réponse pour le moment…
Le devenir même de ce rapport à la machine ne peut malheureusement pas se deviner. Mais n’oublions pas que ce flou futuriste, peut s’anticiper, se conceptualiser, se fantasmer, se concrétiser ou non. Intéressante question que celle de l’instabilité qui invite l’enseignant à réfléchir à ce qui sera probable ou pas. N’est-ce pas là, la plus belle expression de l’humanité ? Celle de personnes qui tâtonnent, qui cherchent sans rien trouver, qui cherchent et trouvent, qui se trompent, qui réussissent, mais aussi qui se montrent aussi humbles face à ces incertitudes…
Métiers du futur ?
- Créatif ? Probablement ! La machine aidera l’humain à résoudre plus rapidement des problèmes de choix artistiques auxquels il sera confronté (création mélodique, proposition d’harmonisation, etc.). Tel un assistant-créateur, la machine aura toute sa place dans la boite à outils du compositeur. Le développement de l’oreille sera nécessaire… et l’esprit critique indispensable pour définir des éléments esthétiques personnels… La machine analysera nos choix et déduira des possibilités stylistiques par anticipation. Au final, Monsieur Tout-Le-Monde pourra composer. La seule chose qui différenciera les personnes sera leurs goûts, qui seront plus ou moins évolués et raffinés en fonction de leur culture. La composition sera un geste rapide et accessible, et ceux, quelque soit le niveau de difficulté de l’écriture musicale. Citons ici l’exemple des longs calculs des compositeurs spectraux qui furent écourtés grâce au progrès des ordinateurs.
- Nécessité de travailler en groupe ! un seul humain ne pourra pas réunir à lui tout seul toutes les connaissances suffisantes pour réaliser un projet (connaissances informatiques, connaissances numériques, domaines de créativité…) On peut toutefois imaginer que la facilité de création dont je parlais tout à l’heure au niveau musical pourrait aussi avoir lieu au niveau numérique. La programmation serait une complexité abordable pour Monsieur Tout-Le-Monde. Il suffirait de « dire » à la machine ce que l’on veut pour que celle-ci l’interprète et trouve une solution numérique, y compris des algorithmes complexes.
- Le retour des tâches ingrates pour les humains ! Ce que la machine ne peut pas faire, l’homme pourra… Triste scénario, mais il est déjà observable. La machine ferait gagner un temps monstrueux dans la production. Celle-ci pourrait toutefois être limitée, selon une étude d’Oxford, en cas de motricité fine liée à un environnement complexe. L’homme ferait ce que la machine ne peut pas faire dans l’immédiat (réparation matérielle ou conceptuelle). En fait, l’homme serait la machine de la machine.
Un grand retour des questions existentielles ?
Au regard de ces évolutions éventuelles, l’homme éprouvera la nécessité de redéfinir les contours de son humanité, de son identité, de son utilité, de son harmonie avec le naturel et la technologie, son rapport au pouvoir. Peut-être que le vrai enjeu sera plus cultuel, spirituel et philosophique que technologique. Bref, de grandes guerres d’opinions à prévoir face aux vanités humaines.