Travail en autonomie sur le film Corpse Bride de Tim Burton, niveau 4ème
Dans le cadre d’un EPI, sur les Noces Funèbres, j’ai souhaité travailler sur une réalisation en autonomie reprenant deux principes : la ludification et le plan de travail. Je fais cette séquence depuis 4 ans et celle-ci ne sera pas renouvelée l’année prochaine. Et oui, il faut bien passer à autre chose… Toutefois, je tenais à partager ici cette expérience.
Lien vers le Genially du cours dans lequel vous retrouverez tous les documents.
Le plan de travail :
J’ai découvert la notion de « plan de travail » grâce à un ouvrage de Sylvain Connac sur la coopération que je conseille fortement. Cette mise en perspective de la séquence permet de proposer différentes activités que les élèves réaliseront dans l’ordre de leur choix. Les activités peuvent être différenciées et donc, prendre en considération les niveaux des élèves.
Dans ce cadre, il faut envisager chaque activité comme un tout réalisable en autonomie. Je parle bien évidemment de l’autonomie du groupe. L’enseignant ne doit intervenir que si le groupe n’arrive pas à s’organiser dans la réalisation de la tâche. Il doit veiller à ne pas donner de réponses. L’axe de différenciation ne peut donc se réaliser que sur des questions d’organisation dans la tâche. J’attire d’ailleurs votre attention sur un ouvrage de Jean-Philippe Lachaux, les petites bulles de l’attention qui représente un support intéressant pour explorer les notions mises en jeu dans ce type de travail (attention, organiser une tâche…).
La ludification :
L’application d’une approche ludifiée de ces activités m’a paru évidente. En effet, elle est, à sa manière, un bon moyen de susciter l’intérêt. Je devais prendre en compte que chaque activité devait être reliée aux autres par un tout cohérent. Au final, la création d’une histoire dans le cours a construit ce lien. Chaque activité évoque un axe particulier d’une histoire qui représente un tout cohérent. Je tiens d’ailleurs à remercier Rémi Massé, #edmus, qui m’a permis de mieux concevoir cette ludification.
L’histoire du cours et les différentes activités :
L’énigme de Tim, là où tout a commencé :
Dans cette vidéo, nous apprenons que Tim Burton et Danny Elfman ont perdu la mémoire. Les élèves doivent les aider à recouvrer la mémoire en se basant sur des biographies (pages Wikipedia simplifiées). Une proposition d’organisation de la tâche est proposée afin que chaque individu de l’ilot ait un rôle à jouer dans ce travail.
L’énigme de Danny qui devient fou :
Cette énigme commence sur un message audio de Danny Elfman.
Ce travail se passe en deux étapes. Tout d’abord, les élèves doivent apprendre ce thème. Ils devront soit le chanter, soit le jouer au piano (voir lien de la fiche ci-dessous). Une vidéo élémentaire sert de support de travail.
Une fois ce travail réalisé et évalué par l’enseignant, les élèves doivent retrouver ce thème dans différents extraits de la musique du film. Pour cela, je leur donne un QR code qui leur donne accès au tuto ci-dessous.
L’énigme de Chris : Panique au Royal Albert Hall
Chris, directeur du Royal Albert Hall est embêté, il doit organiser un concert sur les musiques du film, mais malheureusement, il n’a plus de nouvelles des musiciens. Les élèves doivent libérer les musiciens en étudiant deux musiques. Sur toutes les énigmes, c’est peut-être celle qui a évolué le plus. Au final, j’ai retenu le principe de l’escape game. Tout en réalisant l’étude des musiques du film, les élèves doivent retrouver un code pour libérer les musiciens. Un système de comparaison entre plusieurs œuvres (audios et picturales) permet de trouver un code qui sera à saisir sur le Genially.
Pour réussir leur tâche, les élèves doivent réaliser les différentes activités dans l’ordre (en utilisant le Genially, mais aussi le document du cours). Il peuvent également utiliser le classeur d’îlot s’ils éprouvent des difficultés au niveau du vocabulaire.
L’énigme de Victoria :
Il s’agit ici d’interpréter Remains of the Day, chant qui nous raconte l’histoire de Victoria. Les élèves comprennent ainsi l’histoire de Victoria et interprètent le chant associé (travail effectué avec les collègues d’anglais).
L’énigme du bruiteur :
Dans ce travail, les élèves doivent reconstituer les bruitages d’une scène du film en utilisant l’application iMovie.
3 Tutos sont déposés dans le Genially pour aider les élèves à réaliser cette tâche. Ils s’appuient sur un Story-Board sur lequel des indications graphiques doivent apparaitre. Ils réalisent en quelque sorte, la partition à jouer et à enregistrer.
L’énigme de Barkis Bittern, le personnage maléfique
Cette énigme peut tomber à n’importe quel moment. Au final, celle-ci sert de dispositif de différenciation supplémentaire. Bittern transmet une lettre dans laquelle une nouvelle tâche apparait. Celle-ci permet entre autres de « freiner » les élèves trop rapides en leur attribuant une nouvelle tâche. Pour les élèves en difficulté, elle peut permettre d’apporter un nouveau travail sur une notion qui pose problème. Au final, l’enseignant met le contenu qu’il souhaite dans cette lettre : remédiation ou activité(s) supplémentaire(s).
Le fin mot de l’histoire :
À la fin de la séquence, on apprend ce qui s’est « réellement » passé dans l’histoire du cours. En fait, Victor a essayé de rejoindre le monde des vivants le soir d’Halloween en concoctant une potion. Malheureusement, celui-ci s’est trompé dans la liste des ingrédients ce qui a eu pour effet de créer un flash blanc. Ce flash est à l’origine de la perte de mémoire de Tim Burton et de Danny Elfman, de l’enfermement des musiciens du Royal Albert Hall, de l’effacement des bruitages d’une scène du film, etc. Heureusement, les élèves ont réussi à réparer tous les problèmes posés par cette potion improbable et tout est revenu dans l’ordre.
L’évaluation :
Il n’y a pas d’évaluation finale, mais plutôt des évaluations continues. Les élèves sont au final maitres de leurs évaluations. Lorsqu’ils s’estiment prêts à être évalués, ils sollicitent l’évaluation auprès de l’enseignant. Un système d’auto-évaluation à la fin de chaque énigme permet à l’enseignant de voir l’investissement de l’élève.
Voir les critères d’évaluation
Un EPI ?
L’étude de ce film est également effectuée dans d’autres matières (Anglais et Arts plastiques). Plusieurs documents numériques seront réalisés et assemblés dans une vidéo sur iMovie (stop motion, cartes mentales,…)
Retour d’expérience :
Cette séquence m’a permis de véritablement travailler sur un aspect fondamental : l’autonomie. Les groupes les moins autonomes ont été accompagnés dans ce travail dès le début. Je les invitais essentiellement à réfléchir aux stratégies qu’ils pouvaient mettre en place pour relever les différents défis, ou à relire avec eux les différentes consignes. Très vite, ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas nécessairement besoin de l’enseignant pour avancer, qu’ils pouvaient être autonomes. Le plus grand des défauts observés a été de se lancer trop rapidement dans l’activité sans prendre en compte l’ensemble des informations. La précipitation et la recherche de l’évidence amenaient directement à l’échec. Chaque énigme faisait appel à une stratégie qui était à établir plus ou moins. L’organisation du travail au sein de l’îlot était un vrai atout dans la réalisation de ces tâches. Il représentait un axe de différenciation très intéressant que j’ai vraiment apprécié.
La ludification a été un vrai plus pour susciter l’intérêt des élèves. Bien évidemment, celle-ci n’a pas fonctionné avec tous les élèves, mais la forte adhésion de certains a convaincu les autres. De plus, ce travail est largement réalisable sans comprendre l’intégralité des approches de ludification.
La majeure partie des classes ont adhéré à cette expérience. Seulement une classe a éprouvé des difficultés de travail. En effet, des tensions au sein de cette classe ont rendu délicat le travail de coopération. Pour cette classe, j’ai organisé le travail différemment.
- Nous avons commencé par un travail frontal pour présenter la séquence. Nous avons ensuite réalisé l’énigme de Tim individuellement.
- Nous avons établi en commun des règles pour la coopération (Merci Béa Cartron) et ensuite créé des ilots de manière aléatoire.
- Nous avons convenu que le travail en coopération serait un objectif, un axe de travail et un axe d’évaluation (chaque séance serait évaluée dans ce sens).
En conclusion, j’ai vraiment apprécié ce travail avec les élèves. Celui-ci m’a permis d’aborder une séquence d’une manière différente (autonomie, stratégie,…). Certes, la réalisation des ressources a été longue, mais le fait de ré-exploiter ce travail pendant 4 ans m’a permis d’obtenir un ratio temps-de-préparation/temps-de-réalisation raisonnable. De plus, le plaisir de voir les élèves s’appropriant ce travail est indéfinissable.
Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à commenter.